Les Chroniques d’Yves-Marie : Les concertos pour orgue et orchestre de George-Frideric HÄNDEL

Portrait de Frideric Händel en 1733 par Balthasar Denner – Domaine public (Wikipedia)

Bercé que je suis depuis longtemps par cette musique écrite par celui qui fut considéré – chose étonnante aujourd’hui – comme le seul rival mondial (c’est-à-dire européen) de Jean-Sébastien BACH à l’orgue, serais-je autorisé à proposer ici les versions qui me semblent les plus conformes au style baroque et à l’esprit propre (à la fois européen et typiquement britannique) du compositeur ?

La grandeur de l’organiste HÄNDEL tenait avant tout à son génie d’improvisateur. C’est donc vers les versions dont les organistes se sont montrés les plus aptes à reconstituer soit les passages non notés (« ad libitum » : au choix), soit le texte lui-même en osant ajouter l’ornementation désirable (toujours trop timide à mon goût personnel d’ailleurs) que je me suis dirigé.

Dernière note : il est vraiment regrettable que beaucoup se soient contentés de « remplir » les indications « ad libitum » par des mouvements d’autres ouvrages de l’auteur.

Petite sélection non exhaustive de belles interprétations

Sur instruments modernes, le concerto en fam maj. « Le Coucou et le rossignol » n° 13 HWV 295, par Albert de Klerk et Andre Rieu (Orch. De chambre d’Amsterdam), Sony 1967 : « ad libitum » très bien choisi et final « sur les grands jeux » bien que l’instrument de HÄNDEL n’en possédât pas.

Les concertos op. 7 par par Bob van Asperen (Orch. Of the Age of Enlightment), un peu trop secs. Les plus réussis me paraissent le n° 5 en sol min. HWV 310, « Le Coucou et le rossignol » et les concertos posthumes de l’édition Arnold n° 15 en ré min. et 16 en fa maj.

Les concertos op. 4 et op. 7 (ici seulement 3, 4, 5 et 13) par Simon Preston et Trevor Pinnock (The English Concert) décevants pour l’op. 4 joué sur un petit orgue anglais d’époque aux sonorités vraiment étriquées, très satisfaisants au contraire pour l’op. 7, notamment pour « Le Coucou et le rossignol », pour le concerto n° 14 sans n° d’opus HWV 296 et surtout pour le n° 3 en si bémol majeur HWV 308 et le n° 5 en sol min. HWV 310. L’orgue est un grand Byfield anciennement dans une cathédrale, aujourd’hui à Armitage : un rarissime témoignage de la couleur sonore idéale d’époque.

Incontournable, le récent enregistrement de Paul Nicholson à l’orgue de l’église de Whitchurch qui servit de chapelle privée au mécène de HÄNDEL le duc de Chandos, et qu’il « toucha », est admirable : l’op. 7 n° 1 est une pure splendeur.

L’intégrale de Tom Koopman (Erato 1984) est presque parfaite, mise à part la sonorité un peu sourde et terne de l’instrument d’époque choisi : HÄNDEL n’avait probablement pas mieux ! L’ornementation est très fine…

L’intégrale en 3 CD de Richard Egarr est remarquable autant au plan musicologique qu’à celui de la musicalité. Il faut y ajouter le concerto op. 3 n° 6 – avec une très belle improvisation pour l’adagio. Les plus réussis sont dans l’op. 4, les n° 2 et 3 et l’op. 7 n° 4, très impressionnant et plein d’humour.

Je tiens à mettre à part la version intégrale de George Malcolm qui reste pour moi, sur instruments modernes, sauf l’un des orgues, l’un des plus attachants par sa fraîcheur naïve et son dynamisme vraiment « british », un peu victorien peut-être plutôt que « géorgien ». Je tiens à recommander l’op. 4 n° 6 en si B maj. HWV 294 et les n° 13 (« Coucou et rossignol ») et surtout n° 14 en la Maj. sans n° d’opus.

Déconcerté par la version d’Herbert Tachezi dirigé par le grand Nikolaus Harnoncourt, qu’on ne peut omettre, je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’écouter Lionel Rogg, ni Marie-Claire Alain, et je dois impérativement recommander, avec Ivan Alexandre (dans DIAPASON), les CD d’Ottavio Dantone, et celui de Lorenzo Ghielmi (Passacaille), qualifiés de « délicieux ».

Enfin et à titre tout à fait personnel, mes suffrages vont depuis longtemps à l’intégrale de Daniel Chorzempa (déjà ancienne : Philips, 1975). Je la trouve insurpassable (à part le fait que les extraits de sonates des « ad libitum » font perdre aux concertos l’intérêt dramatique. Le 1er violon y est Jaap Schröder, « baroquissime » !


Les illustrations des pochettes proviennent du site : discogs.com